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C’est avec Mozart que le pianiste Alexandre Tharaud ouvrira la soirée du 27 août, avec des œuvres rarement données, la Suite K. 399 et la Sonate K.331. Dans la lignée des Suites du maître du genre Jean-Sébastien Bach, Mozart fait se succéder les différentes danses – « ouverture »,
« allemande » et « courante » – qui constituent traditionnellement une Suite. D’influence baroque très nette, la Suite K. 399 est le plus souvent interprétée au clavecin ; d’abord spécialisé dans le répertoire baroque et doté d’une clarté d’articulation stupéfiante, Alexandre Tharaud est l’un des rares musiciens de notre époque à parvenir à obtenir sur piano moderne le caractère piqué, incisif et entraînant du style baroque. La Sonate K. 331, connue grâce à son dernier mouvement Rondo alla Turca, commence par un thème et variations intime et élégant. Il s’enchaîne sur un Menuet avant d’entamer la délicieuse « Marche turque » à la mélodie enjouée et à la pulsation irrésistible.

Transcription de l’Adagietto de Mahler

Alexandre Tharaud livrera ensuite sa propre transcription de l’Adagietto de la Cinquième Symphonie de Mahler, une des pages les plus intimes du compositeur où émotion, sensualité et poésie sont transcrites en musique. C’est probablement la tendresse bouleversante et le romantisme exacerbé de l’Adagietto qui ont séduit le réalisateur Luchino Visconti qui décida de s’en servir de leitmotiv pour son film Mort à Venise, rendant cette partition ultra-célèbre.

Chopin et Tharaud : enchanteurs autoritaires

Alexandre Tharaud poursuivra son récital avec la Fantaisie op. 49 (1841) de Chopin, une œuvre empreinte de liberté tant dans sa forme, son inspiration et son exécution. Le raffinement et la volubilité du jeu de Tharaud lui permettent de mettre successivement en lumière la marche solennelle qui ouvre cette Fantaisie, la passion et la virtuosité qui s’en suivent, la lente et sombre partie chorale et enfin, le très ample finale.

L’Appassionata de Beethoven

C’est avec la Sonate dite Appassionata (1805) de Beethoven qu’Alexandre Tharaud conclura cette soirée. Parmi les 32 Sonates qu’il écrivit, l’opus 57 est vu comme l’une des plus expressives et des plus audacieuses. Usant toutes les nuances possibles du clavier, jouant avec des silences à couper le souffle, nécessitant une forte endurance et une grande prouesse technique, l’Appassionata commence dans un murmure et s’achève par une danse démoniaque, ayant pour effet un tourbillon à la fois épuisant et époustouflant.

Alexandre Tharaud joue Mozart, Chopin et Beethoven